"The Reign" 2010 photo : John Hodgkiss © Gallery MOMO |
Baroques, exubérantes, contrastées, majestueuses, impressionnantes, ce sont là les adjectifs qui nous viennent face aux sculptures à taille humaine de Mary Sibande.
Mary Sibande, artiste plasticienne sud africaine, a construit toute son identité artistique à travers son alter égo et personnage Sophie. Cette artiste basée à Johannesbourg révèle avec ce personnage toute son excentricité : cette chère Sophie a pour particularité d'être une servante vêtue de costumes victoriens.
Le travail de Sibande, qui a fait sensation à la Joburg Art Fair et à la biennale de Venise qui c'est achevé le 27 novembre dernier, est une critique continuelle des stéréotypes féminins et en particulier des clichés sur les femmes noires dans sa société. Elle poursuit cet engagement certes avec un style provocateur mais qui interpelle les spectateurs et les invite à s'interroger sur cette société sud africaine que Mary tente de dénoncer à travers Sophie. Ces clichés Mary est bien placée pour en parler, ce personnage de domestique ne lui est en rien étranger, née au sein d'une famille où la plupart des figures féminines furent domestiques, elle échappe à ce destin et ne le devient qu'à travers son personnage de Sophie.
Le "Rubber sole projet" (commandé par Pirelli South Africa pour la FNB Joburg Art Fair 2011) photo : © Gallery MOMO |
Cette Sophie, voluptueuse et impressionnante nous transporte dans un univers où se mêle la réalité hélas précaire du quotidien de beaucoup de noirs d'Afrique du Sud mais aussi le fantasme d'atteindre le haut de l'échelle sociale.
Il y a un an on pouvait même admirer la série d'oeuvres "long live the dead queen", affichée sur le flanc des immeubles et les panneaux d'affichage de Johannesbourg. une série magnifique dont la beauté réside dans le contraste entre la peau noire du personnage et les couleurs des ces somptueuses robes d'inspiration Victorienne, allant du bleu royal au violet éclatant, en passant par le turquoise.
"Long live the dead Queen" sur les murs de Johannesbourg - 2010 |
L'appellation même de "long live the dead queen" peut être vue comme une antinomie, une satire de la devise de la royauté anglaise "long live the Queen". Le personage de Sophie personnifie cette relation complexe entre le maître et le domestique et plus largement le colon et le colonisé. Mary veut que ce personnage de domestique devienne un héros, un symbole de la reconstruction de l'Afrique du Sud post apartheid malgré des séquelles toujours visibles.
"They don't make them like the used to" 2008 photo : Carla liesching © Gallery MOMO |
Sophie aura permit à l'artiste de parvenir à une catharsis des douleurs et ressentiments profondément ancré dans le coeur des noirs d'Afrique du Sud.
Si Mary Sibande envisage d'abandonner le personnage de Sophie, elle n'y est pas encore résolue car elle a encore beaucoup à dire sur ce personnage et ne cesse de la faire évoluer. D'ailleurs dernièrement le travail de l'artiste à pris des allures militaire comme on peut le voir avec l'oeuvre qu'elle à présenté à la biennale de Venise "lovers in Tango".
Plus d'information sur Mary Sibande sur le site de la Gallerie Sud Africaine Gallerry MOMO
... Par Shari Hammond
2 Commentaires / pour commenter c'est ici >:
Awesome! We need more showing of black female power.
Nikita
Article intéressant, j'adore la photo. Le "bleu" de travail qui se confond au vêtement du super héros c'est une photo qui marque.
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